Théâtre Hébertot - 78 bis, boulevard des Batignolles - 75017 Du 21 février au 4 mai 2024 19 h 00 |
Dans une petite ville de province, un groupe d'amis de la bonne société se donne rendez-vous pour un « dîner de têtes ». Chacun doit se faire la tête d'un grand personnage de la Révolution française. André Bitos, fils du peuple devenu magistrat incorruptible et vertueux, est l'invité d'honneur : il jouera Robespierre. Mais il semble que l'objectif de cette soirée ne soit pas uniquement de refaire l'histoire de France... Cette bande de notables en smoking-perruque va se lancer dans un jeu de massacre aussi cruel que jubilatoire. Drôle, grinçant et terriblement actuel, ce chef d'oeuvre d'intelligence renvoie dos à dos haine de l'Autre et tyrannie de la Vertu. Cette pièce fut écrite pour Michel Bouquet. Dans ses mémoires, l'acteur raconte : « Bitos, dans l'imagination d'Anouilh, c'était une sorte d'arrière-petit-fils de Robespierre dans la France d'après-guerre. Mais ce n'était plus vraiment non plus Robespierre ; plutôt un pâle ersatz, un scandaleux sous-produit de ce modèle, avec un zest du Tartuffe de Molière en plus. A la Libération, au moment où se passe la pièce, il se livre à de sinistres épurations au nom de la Résistance, au nom du bien. Je dois avouer que, au cours des répétitions qu'il avait voulues très secrètes, je ne me suis pas vraiment rendu compte du tollé que nous allions déchaîner. C'était le 11 octobre 1956. Certains allèrent jusqu'à qualifier la pièce « d'ordure » ou de « crachat » ; la plupart reprochaient à Anouilh de souiller l'honneur et la mémoire de la France, de mettre droite et gauche dans le même sac de fiel et de mépris, de ne sauver ni pauvres, ni riches : tous infâmes, lamentables, les Français qu'il mettait en scène... Mais si cette comédie grinçante fit violemment réagir le public, elle ne manqua pas de le faire venir en grand nombre : la pièce fut un triomphe. »
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